samedi 12 septembre 2009

Un peu de politique, 2: Yo tengo poder, yo voto







Après le 11 septembre qui est un jour de commémoration ici, celui de l'attaque de la Moneda et de la Mort d'Allende, durant lequel tous les chiliens nous disent de ne pas sortir (jour appelé par mes collocataires "dia de paranoia nacional" (en effet, il ne se passe rien dans le centre de Santiago, seulement dans les banlieues chaudes), voici un autre jour politiquement important cette semaine au Chili: Aujourd'hui, dernier jour pour s'inscrire sur les listes électorales pour les élections qui auront lieu début décembre. La queue était très longue, la plupart s'y prenant au dernier moment, mais surtout, l'organisation étant plus ou moins réussite. Cette inscription sur les listes est très mal faite: Il n'est pas obligatoire de s'y inscrire, mais une fois qu'on est inscrit, il devient, comme en Belgique, obligatoire de voter jusqu'au reste de ses jours, et on peut être tirer au sort pour être assesseur...Ce qui explique qu'il est impossible de motiver les gens, et surtout les jeunesde moins de 30 ans, à aller voter. Eux sont la cible principale de la grande campagne "Yo tengo poder, yo voto", que l'on peut voir partout. Sur mes 5 collocataires chiliens, un seul est inscrit! Vu que j'étudie à l'escuela de gobierno, mes camarades de classe votent beaucoup plus que la moyenne des jeunes.

Une autre raison explique que les chiliens votent peu, et les jeunes incroyablement peu: L'offre politique. Tout les chiliens pensent la même chose, dans une proportion plus importante qu'en France: Les politiciens sont toujours les mêmes, et tous pourris...Et il faut croire qu'il y a un fond de vérité, il existe vraiment une oligarchie très forte et des dynasties politiques. Surtout, la nouvelle génération vote peu car c'est la seule qui n'a pas connue la dictature. Les plus vieux, malgré leur haine des politiciens chiliens, se font un devoir de s'intéresser à la politique et de voter pour faire vivre la démocratie.


Un petit panaroma des futurs candidats:

Marco Enriquez Ominami, le plus mal placé du trio dans les sondages, celui qui me plait de plus.Candidat indépendant, normalement au Parti Socialiste, mais le PS soutenant toujours le candidat de la concertacion, il a du faire scission...Le PS ici est 10 fois plus divisé qu'en France, je suis allé aux réunions du PS de l'école. Ils sont 4 militants très actifs: Un fait campagne pour Frei, 1 pour le candidat communiste, 1 pour MEO et 1 ne sait pas encore. Enriquez-Ominami est le seul candidat représentant "la gauche", pas celle de la concertacion mais la vraie gauche, qui peut s'imaginer un jour à la Moneda, dans ce pays plutôt conservateur. Bien que donnant un coup de jeune à la politique chilienne, il ne fait pas moins parti de l'oligarchie chilienne: Fils de Marco Enriquez, fondateur du MIR, mouvement de la gauche révolutionnaire chilien, ayant proné la lutte armée, appuyé Allende et ayant été pourchassé sous la dictature, durant lequel le MIR a commis des actes de résistances. Ominami, son père adoptif, est sénateur pour le parti socialiste. Il est crédité de 17% des intentions de vote.




Frei, de la démocratie chrétienne. Son père fut président avant Allende, lui a déjà été président en 1993. Il est le candidat de la concertation, cette drôle de formation politique qui a toujours été au pouvoir depuis la fin de la dictature, et qui réunit le PS, la démocratie chrétienne et deux autres partis de centre-gauche. Apprécié par certains, à qui le bilan du précédent mandat parait très satisfaisant pour le plan économique, les jeunes ne veulent surtout pas voter pour lui, disant qu'il a privatisé toutes les ressources naturelles (l'eau surtout) du pays et qu'il représente l'anti-changement (fils de président, déjà président, et surtout, candidat d'un groupe politique qu'ils ont toujours vu au pouvoir). Il est crédité de 28% dans les sondages.


Piñera est sans doute le futur président chilien, devançant pour l'instant de loin Frei. Il est le candidat de la droite libérale. Et attention, ici, la droite libérale, ce n'est pas un petit joueur comme Sarko...C'est une droite très conservatrice sur le sujet valoricos, dont le dernier combat important fut celui contre la proposition de loi visant à autoriser la pilule du lendemain. Mais c'est surtout une droite prête à tout privatiser, même (et surtout?) la santé et l'éducation. Mais ce n'est pas l'UDI, le parti de Lavin, l'autre candidat de la droite, ayant soutenu Pinochet et dont la plupart des membres appartiennent à l'Opus Dei (Piñera a voté contre Pinochet au plébiscite de 1988). Piñera est un peu le Berlusconi d'ici: Il est le président de la chaine principale du pays, Chilevision (ici tous les medias ou presque appartiennent à des groupes de de droite, et souvent à Pinera ou à ses amis, à l'exeption notable de l'hebdomadaire "The Clinic"), mais aussi le président de LAN Chile, la compagnie aérienne, et il a fait fortune en introduisant les cartes de crédit au Chili sous/pour Pinochet (sa société détient 90% des cartes de crédit d'ici). Son succès est du à son populisme, mais également à la bonne image dont il jouit de par sa richesse ("Au moins, il risque pas de piquer dans la caisse) et au changement qu'il représente par rapport à la Concertation.

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